Dîner du CRIF: Sarkozy revient sur "sa" laïcité
Hier avait lieu le dîner annuel du CRIF, évènement virant souvent au grand oral pour les chefs de file politiques français. Nicolas Sarkozy ne s'y est pas trompé et, première pour un chef de l'État, était présent à cette cérémonie.
Il faut dire que l'homme aime que l'on parle de lui et qu'il est , à l'heure actuelle, aux abois et tente donc de sauver les meubles par tous les moyens. Dès lors, rien de plus naturel pour cet apôtre du communautarisme de se présenter devant une communauté qui aurait masivement voté pour lui lors de son élection et qui pourrait donc lui assurer un éventuel gain de voix. Ne lésinant pas sur les effetes de manche et le pathos, logique pour un ex avocat, Nicolas Sarkozy a présenté sa dernière initiative en date vis à vis des écoliers. Après la lecture obligatoire de la lettre de Guy Mocquet, voici la mémoire de la Shoah. Le président (oui, je ne mets pas la majuscule) ayant décidé avec Xavier Darcos que chaque élève de CM2 se verrait confier, à la rentrée 2008, la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah. Certains y verront un rappel nécessaire à l'histoire, et c'est vrai que cela doit être enseigné mais, comme pour la lettre de Guy Mocquet, on est encore, selon moi en tout cas, dans le cadre d'une instrumentalisation à des fins politiques. Si c'est pour aller à la pêche aux voix (oui, je connais les origines de Sarkozy côté maternel, il n'empêche), c'est un calcul assez mesquin. De même, dans sa volonté de ratisser tous azimuths, l'éternel candidat n'oublie pas de rappeler qu'il est "un ami d'Israël"...
Ayant assuré son argumentaire électoral prémunicipales, Nicolas 1er s'est exprimé sur la laïcité. Il faut dire qu'il y avait été invité par Richard Prasquier, le président du CRIF, désireux d'obtenir des éclaircissements sur l'éventuel "toilettage" de la loi de 1905, projet dans les cartons sarkozyens depuis longtemps. Monsieur Prasquier s'est livré à un plaidoyer en faveur de cette loi, partie prenante selon lui de l'identité juive française à l'heure actuelle, tout en effectuant un distinguo entre laïcité et une "religion laïque".
Suite à ça, notre petit présiden s'est livré à un de ses exercices de rétropédalage dont il a le secret, soutenant alors qu'il n'avait jamais rétendu à la supériorité du prêtre sur l'instituteur. Curieux, c'est ce que tout le monde avait entendu. mais,on l'avait mal compris le Sarko explique -t-il , se rattrapant aux branches et déclarant in fine que "ce n'est pas la même chose". Tout ceci avant de céder à une de ses provocations d'ado prépubère dont il a le secret "Je persiste et j'ai le plaisir de signer". Jolie manière de dire "je vous emmerde" à tous ses éventuels contradicteurs.
Nabochodonosor est quelque peu à cran ces temps-ci. Lors de son voyage en Guyane avec son harem (Dati, Pécresse, Alliot Marie, Morin -non Morin c'est pas pareil-et Rama Yade étaient de la partie aussi je crois), il était d'une humeur épouvantable. Il suffit de voir la conférence de presse avec Lula pour voir un Sarko super stressé, sombre et encore plus bourré de tics qu'à son habitude. C'est peu dire qu'il n'a pas dû apprécier cette remontée de bretelles sur la laïcité positive alors qu'il s'imaginait en terrain conquis.
Pour finir, il a agi comme il le fait toujours quand quelqu'un ou quelque chose le remet en cause, il a adopté sa posture favorite, celle de l'éternelle victime. Victime cetainement de l'acharnement des méchants journalistes, ben oui, l'est pas habitué le pauvre, ou d'un complot laico-gaucho et autres chevelus en voulant à sa toute petite personne. Pour se faire, il s'est abrité derrière une stature beaucoup trop grande pour un si falot personnage et si piètre président, celle de François Mitterrand.
Usant là d'un stratagème d'avocat (encore), Sarkozy nous ressortit donc la déclaration d'un Mitterrand "croyant aux forces de l'esprit". Déclaration qui, d'après lui, n'avait pas choqué à l'époque, signifiant bien que nous étions , d'abord, revenus en arrière sur ces questions et , secundo, que tout ceci était bien une caballe contre lui.
Ben non, Nicolas, cette déclaration, c'est celle d'un François Mitterand qui aborde la toute fin de son mandat et qui se sait mourant, le contexte est un peu différent. Mitterrand n'a jamais fairt mystère de son catholicisme, pas plus que De Gaulle par exemple, mais le propre de ces deux chefs d'État (valable aussi pour Giscard, Pompidou et Chirac) était d'avoir compris que, selon les lois et coutumes laïques en vigueur, leurs convictions personnelles étaient justement des convictions personnelles et intimes. Nul besoin comme le fait le Mètre de lancer ce cri du coeur religieux à la face des citoyens de ce pays. Y a encore du boulot, élève Sarkozy, pour remplir correctement le costume que vous portez.