Des économistes perplexes...
Pour les naifs qui croiraient encore que l'économie est une science rationnelle et non un ramassis de théories anonées et ressassées, agrémentées de chiffres pour se donner un cachet scientifique, la perplexité actuelle de tous nos dignes spécialistes économiques est un spectacle troublant.
Les pauvres petits, si vous savez, ces gens qui nous expliquent la marche du monde depuis des diaines d'années maintenant, tous ces types dont les prédictions gravées dans le marbre de leurs certitudes doctorantes sesont toujours avérées fausses, quelques noms de penseurs /invités permanents chez Calvi and co doivent bien vous venir en tête, non ? Ah, je savais bien... Eh bien, là, ils ne comprennent pas trop ce qui se passe avec l'économie française.
Comme le révèlent les Échos, la France aurait eu sa plus grosse création d'emploi en chiffres depuis 2000. Tout le monde mainteant a forcément assimilé la thèse emplois et croissance vont de pair . Pas si simple, sur le même temps, la croissance n'est que de 1.9%. Comment, en travaillant plus, on n'aurait pas dégagé plus de richesses ? Ouh la, voilà qui va à l'encontre des thèses de nos libéraux de choc. Ceux là même qui, jusqu'à l'ascension, qu'on aurait aimé résistible de Nicolas Sarkozy, se faisaient volontiers les chantres du déclin de la France. Pays qui ne travaillait pas bla bla, libéraliser, déréglementer, blabla, plus d'emplois, blabla, et croissance assurée. Oui, bon, ok, le petit Nico applique vos thèses,recettes connues depuis plus de 20 ans et appliquées avec un total insuccès, mais bon, ne remettons pas en cause des théories qui ont prouvé leur innefficacité.
Libéraux, blabla, et demain... presque. Du coup, les experts (non, pas la série de TF1) nous expliquent doctement -ils expliquent toujours doctement, car apparemment nous ne comprenons pas vite - que, bon sang, mais c'est bien sûr, on a sous estimé la croissance, c'est la seule solution.
Voilà une nouvelle que Lagarde devrait bientôt faire retentir à nos tympans réjouis, nous amenant peut être à glisser le bulletin qui va bien dans l'urne dimanche.
Sont forts les économistes, la réalité observée ne colle pas à leurs théories, boh, c'est qu'on a mal observé. Peuvent pas se tromper, ils sont spécialisés là dedans. Bon évidememnt, les prédictions économiques sont souvent aussi valables que la lecture du marc de café, et tiennent plus du dogme qu'autre chose. D'ailleurs, comme tout dogme, les remises en question sont inconcevables ou presque.
Les leaders syndicalistes, le dangereux rebelle Chérèque en tête (c'est dire) bémolise un peu l'enthousiasme de nos zexperts zen économie en rappealnt fort justement que, ces créations d'emploi dont on nous matraque l'importance sont, pour un majeure partie, des emplois sous payés, des mi temps, tiers temps et autres. Des CDD, de l'intérim en veux tu en voilà et, majoritairement , du service à la personne, en clair des activités précaires et peu rémunératrices.
Le bâtiment aussi aurait connu une année historique mais s'attend à des lendemains qui déchantent un peu. La désindustrialisation repart de plus belle. Du coup, nos ravis de l'économie, s'ils ne se retransforment pas illico en Cassandres déclinistes modèrent quelque peu leurs prédictions (augures, c'est bien aussi) pour l'année à venir.
Ah, euh, c'est fort, parce que, marrant, mais moi aussi j'aurai pu le dire ! Entre crise du pétrole, une récession qu'on ne veut pas évoquer mais qui va arriver, venue tout droit des stazunis, euh, sans être un grand économiste, on peut se poser quelques questions.
Quelqu'un a le numéro de Calvi (ou de Lagarde, conseiller dans un ministère, ça doit être bien). Bon, je vous invite à aller voir les chiffres, c'est pas très réjouissant